HIKAYAT DJOHA
 Des blagues à raconter aux enfants
1. Djoha a perdu son âne, mais au lieu d'aller le chercher, il se promène dans les rues de la ville en criant :
- Merci mon Dieu! Merci mon Dieu!
Les voisins s'étonnent, connaissant l'attachement de Djoha pour son âne :
- Pourquoi remercies-tu Dieu ? Tu ne devrais pas plutôt demander Son aide ?
- Vous n'avez rien compris, déclare Djoha. Je remercie Dieu de ne pas m'être trouvé sur son dos quand il s'est perdu.

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2. Djoha est le seul lettré du village, aussi un jour on lui demande d'écrire une lettre.
- Je ne peux pas, répond Djoha, j'ai mal aux pieds.
- Tu as besoin de tes pieds pour écrire une lettre ??!
- Non, mais j'écris tellement mal que je dois porter ma lettre chez le destinataire pour la lui lire!

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3. Djoha a toujours gardé ses économies dans un petit coffre soigneusement caché.
Un soir, un voleur s'introduit chez lui et emporte le petit coffre. La femme de Djoha sanglote à fendre l'âme, mais djoha la console
- Ne t'inquiète pas, il ne pourra pas l'ouvrir, j'ai gardé la clé.

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4. Djoha est confortablement installé sur le toit en terrasse de sa maison, jouissant de la douceur de l'après midi. Tout à coup, quelqu'un l'appelle de la rue :
- Djoha! Djoha! Viens voir!
- Eh Djoha! Allez descends! J'ai une question à te poser!
Il appelle encore et encore. Djoha, qui n'arrive plus à jouir du calme, finit par descendre à contrecoeur. À sa porte, il trouve un homme la main tendue.
- Djoha, peux-tu me donner une pièce d'un dinar?
- Ah! C'était ça, ta question importante! C'est pour ça que tu as dérangé ma tranquillité! Suis-moi!
Le mendiant grimpe péniblement avec Djoha jusqu'à la terrasse.
- Maintenant, dit Djoha, je te donne ma réponse : c'est non.

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5. Djoha voit un jour au marché un homme vanter les mérites d'un perroquet au plumage multicolore :
- Achetez mon oiseau des îles, regardez ses couleurs rouge, vert, jaune, bleu, et en plus il parle, il répète tout ce qu'on lui dit!
Il attire une foule autour de lui, mais personne ne peut l'acheter, car il est trop cher.
Le lendemain, Djoha vient au marché muni d'un dindon tout noir au bec rouge, pris de sa volaille. Lorsqu'il annonce le prix, tout le monde s'étonne, car il demande encore plus cher que le prix de l'oiseau exotique de la veille.
- Djoha, demande un des curieux, espères-tu vraiement vendre ton dindon à ce prix, alors qu'on peut acheter ailleurs mille dindons pour la même somme ?
- Si l'oiseau d'hier on demandait cinq mille dinars, mon dindon vaut bien les dix mille dinars que j'en demande!
- Mais l'oiseau d'hier était extraordinaire, et puis il parlait.
- Justement, mon dindon fait beaucoup mieux, lui!
- Que fait-il mieux?
- Il pense!

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6. Djoha rend viste à l'homme le plus riche du village :
- Salut, Ghani! Grâce à Dieu, tu vis dans l'abondance et tu as fait plusieurs fois le pèlerinage. Quant à moi, je suis pauvre, tu le sais, mais j'aimerais moi aussi me rendre à la Mecque avant de mourrir.
- Je comprends, Djoha, mais tu sais comme moi que la religion n'impose pas le pèlerinage aux pauvres.
- Ah, écoute! s'impatiente aussitôt Djoha, à chacun son rôle dans ce village : pour l'interprétation de la religion, nous avons l'imam; toi, tu donnes l'argent, c'est tout!

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7. La femme de Djoha s'est rendue à la rivière pour y laver son linge. Djoha, qui l'accompagnée, se charge de tendre entre les arbres le fil où ils le feront sécher. Soudain, un oiseau noir surgit du ciel et, emporte le morceau de savon dans son bec.
- Maudit voleur! s'écrie-t-elle. Djoha, tu as vu ce corbeau ? Il m'a pris mon savon.
- Laisse donc, fait Djoha, c'était une colombe.
- Une colombe ? Toute noire ?
- Justement! Elle a encore beaucoup plus besoin que nous de se laver.

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8. On dit que Djoha était plutôt laid. C'est pourquoi sa femme, à la veille d'accoucher de leur premier enfant, est prise de crainte qu'il puisse lui ressembler. La voyant soucieuse, Djoha la questionne, et elle finit par avouer ce qui la tourmente :
- Djoha, mon mari, Dieu ne t'a pas fait bien beau et tu le reconnais toi-même. J'ai peur que, si c'est un garçon, il ne soit tout ton portrait.
- Ô Aïcha, si cet enfant me ressemble, ce sera qu'un petit malheur. Ce qui est un grand malheur, en revanche, c'est qu'il ait la tête de notre voisin.

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9. Djoha est tombé dans une telle misère qu'il va implorer Dieu avec les autres mendiants de la ville, le long des vieux remparts.
- Ô Dieu le Bienveillant, je T'en supplie! Donne-moi de quoi manger ou alors ce n'est plus la peine pour moi de vivre. Tu n'as qu'à reprendre mon âme!
Aussitôt, une énorme pierre se détache d'une tour et tombe juste à côté de lui, manquant d'un rien de le tuer.
- Merci mon Dieu, je n'ai plus faim!

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10. Djoha était réputé d'être lourdement endetté. Pourtant, au lieu d'avoir l'air tourmenté, il est toujours joyeux et insouciant.
- Djoha, lui dit un jour un ami bien intentionné, je crois que tu ne te rends pas exactement compte de ta situation.
- Je m'en rends trés bien compte, au contraire.
- On ne dirait pas! Avec toutes les dettes que tu as!
- Justement! Je suis vieux et chaque jour que Dieu fait me rapproche de la prescription.

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